On appelle un Brocard Assassin, un Brocard dépourvu d'andouiller, il existe aussi des Brocards dit demi-assassin ou seul, un des bois porte des andouillers.
En règle générale, les Assassins ou demi-assassin sont souvent plus chétifs, plus fragile, génétiquement, moins gâté que leurs congénères. On les appelle Assassin car lors des combats pour la défense de leur territoire, ces Chevreuils dépourvus d'andouillers sont capables de transpercer leurs congénères et d'occasionner des blessures parfois mortelles alors que normalement, les andouillers permettent d'éviter le pire.
Jour 1.
Cette semaine, je travaille de nuit et sort du boulot à 5h00 alors tous les matins à la fraîche, à peine rentré, je saute dans mon treillis et part à la recherche du Brocard à 7 cors rencontré quelque temps auparavant.
5h30, alors que je suis en marche pour mon lieu de rendez-vous, surprise...
Couché dans un pré, un Brocard Assassin à la robe très clair aux couleurs Isabelle...
Sur le moment, je ne réalise pas, c'est juste un Brocard. Le jour est tout juste levé, le soleil n'arrivera pas avant une petite demi-heure et après avoir passé 5 mn en sa compagnie, je continue mon périple le laissant là au repos, il n'est pas ma priorité.
Je visionne de moins en moins mes images sur l'appareil, en général, un coup d'œil rapide sur l'expo et c'est tout, ce n'est que plus tard, alors que j'affûtais le pré du 7 cors que j'ai enfin mis mes lunettes et ai visionné mes images, et là... wahouu, il est splendide, sa robe est très claire, ses bois sont massifs et paraisse torsadés, il est superbement coiffé pour un assassin, à ce moment-là, je regrette amèrement de ne pas avoir passé plus de temps avec lui.
6h45, je quitte mon poste d'affût avec ce Brocard en tête... Le 7 cors lui n'est pas venu, seule une petite Chevrette au loin m'honorera de sa présence ainsi que 3 Lièvres.
Jour 2.
Le lendemain matin, rebelote, je saute dans mon treillis et c'est parti, cette fois-ci, je vise l'Assassin.
5h20, à peine arrivé, je l'aperçois au loin dans la brume, il fait très sombre et il rentre au bois, c'est raté...
Je continue ma balade et me poste une petite heure dans un mirador aux abords d'un pré fauché de la veille ou le calme règne en maître.
En revenant sur mes pas, je repasse sur le secteur de l'Assassin, et là...
Dans une percée, il est là, face à moi, dans les graminées.
Il est 6h25, le soleil est encore bas et cet habit de lumière lui va à ravir, je suis aux anges...
Nous sommes tombés face à face dans cette percée de feuillage alors que je ne m'y attendais pas, lui non plus d'ailleurs, nous resterons une à deux minutes à nous observer avant qu'il ne prenne la fuite, plus par précautions que par peur, sans même aboyer.
Comme bon nombre d'animaux, il fit une halte à moins de 100 mètres, jeta un dernier coup d'œil dans ma direction et...
Il est temps pour moi de rentrer, la fatigue se fait ressentir.
Jour 3.
Ce matin, je prends le temps de boire un café avant de partir rejoindre mon Brocard Assassin.
5h40 j'arrive sur mon lieu de rendez-vous, je scrute les alentours, jumelles 3 prés différents et rien...
J'emprunte alors un sentier dans les blés et admire le soleil se lever.
6h00, je rebrousse chemin, il faut préciser que je suis à moins de 5 mn à pied de chez moi, ça aide. Arrivé sur la route...
Il est là à brouter sur le bas coté.
Tout proche d'une habitation, ou je l'observerais 10 bonnes minutes avant qu'il ne traverse la route
et rejoigne le champ de graminées d'à côté, ou je perdrais sa trace.
Jour 4.
Dernière nuit de taf, 5h25 je l'aperçois, fidèle à son secteur.
Je le laisse mener sa vie en m'approchant le plus discrètement possible Pour ça, j'attends qu'il broute ou me tourne le dos pour gagner quelques mètres.
Il regarde souvent dans ma direction se demandant certainement qu'elle est cette chose étrange qui l'observe, mais cela ne l'inquiète pas, il fait sa vie sans se soucier de moi, se laissant même aller à une envie pressente.
La lumière est encore faible et il est relativement loin. Une fois de plus, il traverse la route et entre dans un jeune buisson d'aubépines.
À ce moment, je le perds de vue, je longe alors la route en marchant dans le fossé et vois le buisson d'aubépine bouger dans tous les sens.
Je sais qu'il est là mais ne le vois pas. Lorsque le buisson bouge, j'en profite pour gagner encore quelques mètres et me retrouve finalement à moins de 20 mètres d'où il est censé se trouver.
Il est 6h30 le soleil est enfin de la partie, cela fait près 1/2 heure que je ne l'ai pas vue, il reste dans le taillis à se frotter les bois.
Pratiquement allongé dans mon fossé, j'ai bon espoir qu'il sorte de mon côté, et pour mon dernier jour d'approche matinal, j'aimerais lui tirer le portrait dans de bonnes conditions.
La magie opère enfin, il sort à l'endroit même où je l'espérais, la lumière est superbe, l'orangé des graminées se mêle au vert du feuillage, il est splendide.
Le rut commence tout juste et la montée de testostérone le pousse à la curiosité.
Il me fait face, observe cette forme allongée dans le fossé et s'approche, toujours plus près.
Ses bois sont couverts de mousse, d'herbes, son territoire est marqué !
Arrivé à une dizaine de mètres, par précaution, il a préféré prendre la fuite...
Pour ma part, je peux rentrer me coucher, j'ai de quoi alimenter mes rêves pour les nuits à venir...
De la découverte de ce magnifique Brocard à la robe Isabelle, 4 matins auront été nécessaires pour obtenir le cliché tant désiré et pour me rendre compte qu'en faite ce n'est pas un véritable Assassin, 2 micros pointes ornent ses bois...
Merci à toi l'ami, à bientôt...
